Quelles étaient les boissons préférées des Romains dans l’Antiquité ? À quoi servaient-elles et qui les consommait vraiment au quotidien ?
Découvrez dix boissons emblématiques de la Rome antique, de la plus raffinée à la plus populaire.
Certaines pourraient bien vous surprendre par leur composition ou leur usage étonnant.
Laissez-vous guider à travers ce voyage gustatif au cœur de l’Empire romain.
Le mulsum était un vin miellé très apprécié

Le mulsum était un mélange de vin et de miel, souvent servi en apéritif lors des banquets romains. Cette boisson sucrée avait une saveur douce et agréable qui plaisait aux convives dès les premières gorgées. Elle était considérée comme raffinée et se retrouvait surtout sur les tables des élites. Les Romains pensaient également que le mulsum avait des vertus médicinales, notamment pour faciliter la digestion. Son succès témoigne du goût romain pour les arômes complexes et les alliances sucrées-salées.
La préparation du mulsum était relativement simple : on ajoutait du miel à du vin jeune avant de le filtrer. Les proportions variaient selon les recettes et les préférences personnelles. Certains y ajoutaient même des épices pour en renforcer le goût et la conservation. Cette boisson était généralement servie fraîche, dans des coupes spéciales dédiées aux festivités. Elle participait pleinement à l’art de vivre à la romaine, entre luxe, convivialité et gastronomie.
Le mulsum ne doit pas être confondu avec l’hydromel, bien qu’ils partagent une base de miel. Là où le mulsum utilisait du vin comme base alcoolisée, l’hydromel reposait uniquement sur la fermentation du miel et de l’eau. Le mulsum représentait donc une forme d’agrément du vin plutôt qu’une boisson à part entière. Cela en faisait un breuvage de transition, entre le vin classique et les élixirs plus élaborés.
Aujourd’hui, il est encore possible de retrouver des recettes inspirées du mulsum dans certaines reconstitutions historiques. Des passionnés de cuisine antique proposent même des versions modernes adaptées à nos goûts contemporains. Cette boisson permet ainsi de revivre un petit fragment de la vie romaine à travers les saveurs d’antan.
La posca était une boisson vinaigrée consommée par les soldats

La posca était une boisson simple et acide, obtenue en mélangeant de l’eau avec du vinaigre de vin. Elle était particulièrement répandue chez les soldats romains, qui l’emportaient durant les campagnes militaires. Sa forte acidité permettait de purifier l’eau, souvent impropre à la consommation directe. Elle apportait également un goût plus supportable que celui de l’eau stagnante, en particulier durant les longues marches.
Peu coûteuse à produire, la posca était accessible à toutes les couches de la population, notamment aux classes populaires et aux esclaves. Les élites, en revanche, la méprisaient et la considéraient comme une boisson vulgaire. Pourtant, certains auteurs anciens reconnaissent ses vertus toniques et digestives. Dans les sources historiques, la posca est même mentionnée comme boisson offerte au Christ lors de la crucifixion.
La posca jouait aussi un rôle logistique dans l’armée romaine. Facile à préparer et à transporter, elle permettait aux légionnaires de se désaltérer tout en limitant les risques sanitaires liés à l’eau contaminée. Le vinaigre servait aussi d’antiseptique naturel pour nettoyer certaines blessures légères. Ce breuvage rustique illustre bien le pragmatisme des Romains dans leur gestion quotidienne.
Aujourd’hui, la posca suscite la curiosité des amateurs d’histoire et de reconstitutions antiques. Bien que son goût soit jugé peu agréable par certains, elle reste un témoignage intéressant des habitudes alimentaires militaires de l’époque. Sa redécouverte contribue à mieux comprendre les réalités du quotidien des soldats de Rome.
Le defrutum était un moût de raisin concentré

Le defrutum était obtenu par cuisson prolongée du moût de raisin jusqu’à obtention d’un liquide épais et sucré. Il était utilisé comme édulcorant dans de nombreuses recettes, aussi bien culinaires que médicinales. Cette réduction de raisin permettait de conserver les arômes du fruit tout en concentrant les sucres naturels. C’était un ingrédient essentiel dans la cuisine romaine, notamment dans les sauces et les desserts.
Cette préparation était réalisée dans de grands chaudrons, souvent en plomb, ce qui a posé des problèmes de toxicité chez les Romains. Certains chercheurs estiment que l’intoxication au plomb était liée à l’usage intensif de defrutum dans l’alimentation. Malgré cela, cette réduction sucrée restait prisée pour son goût intense et sa polyvalence. Elle était également mélangée à du vin pour créer des boissons plus douces et plus épaisses.
Le defrutum n’était pas seulement une gourmandise, mais aussi un remède. Les textes médicaux antiques mentionnent son usage pour traiter les troubles digestifs, les maux de gorge ou encore pour redonner de l’énergie. Sa richesse en sucres en faisait une source rapide de calories, utile notamment pour les malades et les voyageurs. C’était donc un produit à la fois alimentaire et thérapeutique.
Certaines variantes du defrutum, comme le sapa, allaient encore plus loin dans la concentration. Aujourd’hui, des produits similaires existent sous forme de vinaigres balsamiques ou de réductions de moût dans la cuisine méditerranéenne. Le defrutum reste un exemple fascinant de la maîtrise romaine des procédés de transformation alimentaire.
L’hydromel était une boisson fermentée à base de miel

L’hydromel était connu et consommé bien avant l’époque romaine, mais il restait apprécié dans tout l’Empire pour son goût sucré et sa fermentation légère. Il était fabriqué en mélangeant du miel avec de l’eau, puis en laissant fermenter le tout pendant plusieurs jours ou semaines. Cette boisson alcoolisée, douce et parfumée, convenait aussi bien aux festins qu’aux usages rituels. Elle symbolisait souvent un lien avec les dieux et la nature.
Contrairement au mulsum, l’hydromel ne contenait pas de vin, ce qui le rendait plus accessible dans certaines régions où la vigne poussait moins bien. Il était parfois enrichi de plantes aromatiques ou d’épices pour en varier le goût. Les Romains l’appréciaient notamment dans les provinces du nord, où la tradition de l’hydromel se prolongea bien après la chute de l’Empire. C’était une boisson à la fois rustique et noble selon son mode de fabrication.
On attribuait à l’hydromel de nombreuses vertus médicinales. Il était recommandé pour renforcer l’organisme, apaiser les douleurs ou favoriser le sommeil. Certains médecins romains en prescrivaient même dans des traitements spécifiques, en le mélangeant à d’autres ingrédients. Cette réputation curative contribua à sa popularité durable, bien au-delà de la sphère festive.
De nos jours, l’hydromel fait un retour remarqué dans les brasseries artisanales et les festivals historiques. Il est apprécié pour son aspect naturel, son goût ancien et sa symbolique forte. Cette boisson reste un lien direct avec les traditions les plus anciennes de l’Europe, dont les Romains ont su hériter et perpétuer.
Le vinum était le vin classique des Romains
Le vinum était la boisson la plus répandue dans la Rome antique, véritable pilier de l’alimentation quotidienne. Les Romains buvaient du vin à tous les repas, mais sous une forme bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Il était souvent coupé avec de l’eau, parfois même chauffé ou parfumé, selon les goûts et les occasions. La pureté du vin était peu valorisée, contrairement à l’art de le transformer.
Le vin était produit dans toutes les régions de l’Empire, de la Gaule à la Syrie, avec des cépages et des méthodes variés. Il existait de nombreuses qualités de vin, du plus ordinaire au plus prestigieux, réservé aux banquets des élites. Certaines amphores conservaient le vin durant des années, parfois dans des conditions spécifiques pour améliorer son goût. Les Romains savaient reconnaître les grands crus et les distinguer des simples vins de table.
La consommation de vin avait aussi une dimension sociale et culturelle. Elle accompagnait les discussions philosophiques, les banquets religieux et les rites funéraires. Le vin symbolisait l’hospitalité, la convivialité et l’abondance. Les auteurs antiques en ont largement parlé, comme Pline l’Ancien ou Caton, qui décrivaient les méthodes de vinification et les vertus du bon vin.
Aujourd’hui, certaines techniques vinicoles modernes s’inspirent encore des pratiques romaines, notamment dans l’usage des amphores ou des macérations longues. Le vinum rappelle à quel point le vin occupait une place centrale dans la vie quotidienne et spirituelle des Romains, bien plus qu’une simple boisson.
Le passum était un vin doux fait à partir de raisins secs

Le passum était une boisson sucrée obtenue par fermentation de raisins secs, une méthode qui permettait de produire un vin plus riche en arômes et en sucres. Cette technique, originaire d’Afrique du Nord et particulièrement prisée à Carthage, fut adoptée et perfectionnée par les Romains. Le passum avait un goût plus concentré, proche des vins liquoreux actuels, et plaisait particulièrement aux palais amateurs de douceurs.
Ce vin était souvent consommé en dessert, en fin de repas, ou utilisé pour sucrer certains plats. On le retrouvait dans les banquets raffinés, mais aussi dans les usages médicinaux. Les médecins de l’époque l’utilisaient comme fortifiant pour les malades ou les personnes âgées, en raison de sa forte teneur énergétique. Le passum était aussi associé à certains rituels religieux ou offrandes aux dieux.
Sa fabrication nécessitait une grande quantité de raisins, ce qui en faisait une boisson plus coûteuse que le vin classique. Les grappes étaient laissées à sécher au soleil avant d’être pressées, ce qui demandait du temps et du soin. Cette production minutieuse contribuait à son prestige et à sa rareté. Il existait différentes variantes selon les régions de l’Empire, avec des goûts légèrement différents.
Le passum peut être considéré comme l’ancêtre de certains vins doux naturels modernes, comme le muscat ou le vin de paille. Il reflète le savoir-faire romain dans l’art d’enrichir le vin par des procédés simples mais efficaces. Sa douceur en faisait une boisson festive, idéale pour conclure un repas dans la convivialité.
La cervisia était une forme ancienne de bière

La cervisia était une boisson fermentée à base de céréales, principalement l’orge, et représente l’ancêtre de la bière moderne. Si le vin dominait largement dans la culture romaine, la cervisia était populaire dans les régions celtes et germaniques, où la vigne poussait mal. Les Romains la consommaient donc surtout en province, et parfois avec une certaine condescendance. Pourtant, elle constituait une boisson essentielle pour une large partie de la population.
Sa fabrication variait selon les régions : on faisait germer les grains, qu’on faisait ensuite sécher, puis on les brassait avec de l’eau avant fermentation. Contrairement au vin, la cervisia ne se conservait pas bien, ce qui obligeait à la boire rapidement après sa production. Elle avait une texture trouble, un goût rustique et peu raffiné selon les critères romains. On y ajoutait parfois du miel ou des herbes pour en améliorer la saveur.
Malgré son statut moins prestigieux, la cervisia remplissait des fonctions importantes dans l’alimentation. Elle apportait des nutriments, désaltérait et pouvait même servir de substitut à l’eau, souvent impropre à la consommation. Les soldats en poste dans le Nord de l’Empire l’adoptaient facilement, appréciant sa richesse calorique et sa disponibilité. Elle représentait une forme d’intégration culturelle des pratiques locales.
La cervisia a évolué au fil du temps pour donner naissance à la bière telle que nous la connaissons aujourd’hui. Son histoire illustre la diversité des boissons consommées dans l’Empire romain, bien au-delà du vin. Elle montre aussi l’influence des cultures provinciales sur les habitudes alimentaires romaines.
Le calda était une boisson chaude à base de vin et d’eau
Le calda était une boisson chaude très appréciée durant les mois d’hiver dans la Rome antique. Il s’agissait d’un mélange de vin, d’eau chaude et parfois d’épices ou de miel. Cette préparation permettait de réchauffer le corps et de parfumer le vin, souvent de qualité médiocre. Elle était consommée dans les thermes, après les bains, ou le soir, pour favoriser le sommeil.
La calda se rapprochait du vin chaud que l’on boit encore aujourd’hui en période hivernale. Les Romains lui attribuaient des vertus médicinales, notamment pour soulager les rhumes, détendre les muscles ou apaiser les maux de ventre. Certains médecins la recommandaient en décoction légère pour les convalescents. Elle combinait ainsi plaisir gustatif et bien-être physique.
C’était une boisson populaire, accessible à la fois aux riches et aux pauvres, chacun adaptant les ingrédients à ses moyens. Les plus fortunés y ajoutaient des épices rares comme la cannelle ou le poivre, tandis que les plus modestes se contentaient de vin réchauffé. Son caractère réconfortant en faisait une boisson conviviale, propice aux discussions et aux moments de détente.
Aujourd’hui encore, l’idée de chauffer le vin pour en faire une boisson douce et aromatique perdure dans de nombreuses cultures. Le calda rappelle que les Romains savaient adapter leurs boissons aux saisons et aux circonstances, tout en recherchant toujours l’équilibre entre saveur, utilité et plaisir.
Le sapa était un sirop épais obtenu par réduction de moût

Le sapa était une autre forme de réduction du moût de raisin, proche du defrutum, mais encore plus concentrée. Il était obtenu en faisant bouillir lentement le jus de raisin jusqu’à ce qu’il atteigne une consistance sirupeuse. Très sucré, le sapa servait d’édulcorant dans la cuisine romaine, mais aussi de base pour certains vins aromatisés. On l’utilisait pour sucrer les plats salés, les desserts ou encore les boissons.
Comme pour le defrutum, la préparation du sapa posait parfois problème à cause de l’utilisation de chaudrons en plomb, ce qui pouvait entraîner des intoxications chroniques. Malgré ces risques, le sapa restait très prisé pour son goût puissant et sa facilité de conservation. Il était courant dans les cuisines riches, mais aussi chez les artisans producteurs de vin.
On l’ajoutait au vin pour améliorer un cru de qualité moyenne ou masquer des défauts. Ce procédé était même autorisé dans certaines régions viticoles, car il augmentait le taux de sucre et d’alcool du vin. Le sapa participait donc aussi à l’économie vinicole, en valorisant les productions ordinaires. Il entrait également dans la composition de remèdes ou de soins pour la peau.
De nos jours, le sapa trouve des équivalents dans les réductions balsamiques ou les sirops de moût utilisés en gastronomie italienne. Ce produit ancestral témoigne du raffinement culinaire des Romains et de leur goût pour les saveurs sucrées et complexes. Il montre aussi leur ingéniosité dans la transformation des produits agricoles.
Le lait était consommé frais ou fermenté selon les régions
Le lait n’était pas aussi central que le vin dans la culture romaine, mais il faisait partie intégrante de l’alimentation, surtout à la campagne. Les Romains consommaient du lait de chèvre, de brebis ou de vache, souvent frais, mais aussi sous forme fermentée. On le buvait nature ou on l’utilisait pour fabriquer des fromages et des boissons légèrement alcoolisées comme le lait caillé.
Dans certaines régions de l’Empire, notamment en Gaule ou en Germanie, les populations avaient l’habitude de consommer du lait fermenté, parfois mousseux, qui ressemblait au kéfir moderne. Les Romains considéraient ces pratiques avec curiosité, voire un certain dédain. Pourtant, ces boissons étaient nutritives, faciles à produire et très répandues dans les milieux ruraux.
Le lait était également employé dans des préparations médicinales. Il servait à apaiser l’estomac, soigner les inflammations ou nourrir les enfants en bas âge. Il entrait dans la composition de potions ou d’onguents utilisés par les médecins. On lui reconnaissait des vertus adoucissantes, bien que son usage restait modéré chez les citadins.
Aujourd’hui, le lait reste un aliment de base dans de nombreuses cultures, tout comme à l’époque romaine. Sa transformation en boissons fermentées témoigne de la diversité des usages selon les régions. Cette boisson modeste complète le tableau des breuvages romains, entre tradition pastorale et soins du corps.


Laisser un commentaire