Et si vous cuisiniez comme un citoyen de l’Empire romain ? Quels goûts et quels ingrédients utilisaient les Romains dans leur quotidien ?
Découvrez cinq recettes authentiques venues de l’Antiquité, faciles à refaire chez vous.
Un voyage culinaire étonnant vous attend, entre saveurs oubliées et traditions millénaires.
Le moretum : une pâte fromagère aux herbes

Le moretum était une préparation à base de fromage frais, d’ail et d’herbes aromatiques, que les Romains consommaient souvent au petit-déjeuner. Écrasé au mortier, ce mélange onctueux se dégustait sur du pain ou accompagné de légumes crus. L’ail y joue un rôle central, apportant une puissance relevée à ce condiment rustique. Certaines variantes ajoutaient des fruits secs ou de l’huile d’olive pour adoucir la saveur. Aujourd’hui, le moretum rappelle un peu les tartinades méditerranéennes modernes.
La recette traditionnelle utilise du fromage de brebis ou de chèvre, auquel on ajoute de la coriandre, du céleri, de la rue et du vinaigre. Le tout est pilé jusqu’à obtenir une consistance homogène, proche d’un pesto épais. Cette pâte était simple à préparer et idéale pour les repas modestes ou les en-cas rapides. Les paysans romains en faisaient souvent un plat quotidien, nourrissant et savoureux à la fois. C’est une belle manière de redécouvrir une cuisine frugale mais pleine de caractère.
Le moretum illustre bien la façon dont les Romains valorisaient les herbes fraîches et les saveurs puissantes. Ce type de plat montre leur art d’assembler peu d’ingrédients pour créer une préparation riche en goût. Ce fromage parfumé servait aussi parfois d’offrande religieuse dans les rites domestiques. En le reproduisant aujourd’hui, on perpétue un savoir-faire vieux de deux millénaires. Le résultat est étonnamment moderne et délicieux.
Pour le préparer chez vous, il suffit de mixer un fromage frais avec de l’ail écrasé, un filet d’huile d’olive, et un mélange d’herbes selon vos envies. À servir bien frais, sur du pain grillé ou avec des crudités. C’est un apéritif original et chargé d’histoire. Idéal pour impressionner vos invités avec une recette antique mais toujours aussi savoureuse.
L’isicia omentata : ancêtre du hamburger

L’isicia omentata est sans doute l’un des plats romains les plus étonnamment familiers : il s’agit ni plus ni moins d’un steak haché parfumé, enveloppé dans de la graisse pour lui donner du moelleux. On y retrouve des herbes, du poivre, du vin, parfois du garum, la fameuse sauce de poisson romaine. C’était un mets apprécié par les classes aisées, souvent accompagné de pain. Une sorte de burger antique, bien plus raffiné qu’on ne l’imagine.
Ce plat montre que les Romains maîtrisaient déjà l’art de hacher la viande pour la rendre plus savoureuse et facile à manger. L’ajout de vin et d’herbes dans la préparation permettait d’enrichir la saveur tout en facilitant la cuisson. La graisse utilisée – souvent de l’omenta, tissu graisseux du porc – apportait du fondant à la viande. L’isicia omentata était ainsi à la fois luxueux et pratique, parfait pour les banquets ou les repas rapides.
La préparation se fait en mélangeant de la viande hachée (bœuf ou porc) avec du poivre, du vin blanc, des pignons et des herbes fraîches. On forme ensuite des galettes que l’on enveloppe de graisse fine avant cuisson. Contrairement aux hamburgers modernes, ce plat était servi sans pain, mais pouvait être accompagné de légumes ou de sauces. Ce mélange d’ingrédients en faisait un plat complexe mais accessible, à la croisée entre simplicité et gourmandise.
Reproduire l’isicia omentata aujourd’hui permet d’offrir une version originale et antique du steak haché. Servez-le avec une salade d’herbes fraîches, un pain plat ou même des légumes grillés pour une version moderne. C’est une manière ludique de revisiter la cuisine de rue à la mode romaine, tout en découvrant un pan méconnu de la gastronomie antique.
Le patina de poires : dessert sucré aux épices

Le patina de poires est un dessert raffiné qui témoigne de l’amour des Romains pour les plats sucrés et épicés. À base de fruits pochés, d’épices et parfois d’œufs, il s’apparente à une sorte de flan ou de gratin de poires. Ce mets était souvent servi à la fin des repas festifs, apportant une touche sucrée et parfumée. Les Romains utilisaient du miel à la place du sucre, ainsi que du vin doux pour intensifier les arômes. C’est un dessert simple mais plein d’élégance.
Les poires étaient cuites dans un mélange de vin, de miel et d’épices comme le poivre ou la cannelle. On ajoutait parfois un peu d’huile d’olive et des œufs pour lier le tout et obtenir une texture plus onctueuse. Une fois le mélange prêt, il était versé dans un plat et cuit au four jusqu’à obtenir une consistance fondante. Ce dessert étonne par ses saveurs, à la fois douces, chaudes et légèrement poivrées. Il reflète le goût romain pour les contrastes subtils.
Ce plat peut sembler inhabituel pour un palais moderne, mais il séduit par son équilibre unique. Le mariage du poivre et du miel surprend d’abord, puis enchante par sa complexité. Les Romains appréciaient ce genre de desserts autant pour leur goût que pour leur fonction digestive. Le patina de poires était parfois enrichi de pignons ou de dattes, pour plus de richesse. Il montre que la cuisine romaine savait être douce, inventive et sophistiquée.
Pour le réaliser chez vous, pochez des poires dans du vin doux avec du miel, du poivre et un peu de cannelle. Ajoutez des œufs battus si vous souhaitez une texture de flan, puis enfournez. Servez tiède ou froid, selon vos préférences. Ce dessert ravira ceux qui veulent redécouvrir des saveurs oubliées et explorer une autre facette de la gastronomie antique.
Le puls : bouillie de céréales des soldats

Le puls était l’aliment de base des soldats et des paysans romains, une bouillie nourrissante à base de farine d’épeautre ou d’orge. Similaire à un porridge ou une polenta, ce plat rustique était consommé chaud, souvent agrémenté d’huile, de fromage ou de légumes. C’était le carburant énergétique des légionnaires, simple à préparer sur le terrain. Cette recette prouve que même les plats les plus modestes avaient leur importance dans la vie quotidienne romaine.
Les ingrédients étaient réduits au strict nécessaire : de l’eau, des céréales moulues, un peu de sel et parfois des herbes. Cuits lentement, ces éléments formaient une pâte épaisse et consistante. On pouvait y ajouter du lait ou du bouillon pour la rendre plus onctueuse. Le puls était souvent servi avec des accompagnements plus riches selon les moyens disponibles : légumes, restes de viande ou même du garum. Cette polyvalence en faisait un plat adapté à toutes les circonstances.
Les Romains considéraient le puls comme un symbole d’austérité et de discipline, notamment dans les milieux militaires. Il représentait l’endurance, la force et l’économie, des valeurs chères à la République. Il existait même des versions cérémonielles du puls, servies lors de rituels religieux. Malgré sa simplicité, ce plat possède une histoire riche, ancrée dans la culture et l’identité romaines. C’est un exemple de cuisine utile et intelligente.
Vous pouvez facilement tester cette recette chez vous en cuisant de la farine d’épeautre ou de semoule dans de l’eau salée, jusqu’à obtenir une texture crémeuse. Ajoutez un filet d’huile d’olive, un peu de fromage râpé ou des herbes fraîches. Servez chaud, en accompagnement ou en plat principal. C’est une excellente alternative végétarienne, à la fois rustique, saine et pleine d’histoire.
Le savillum : gâteau au fromage et miel

Le savillum est un dessert typiquement romain, à base de fromage frais, de farine, de miel et parfois d’œufs. Ce gâteau moelleux et sucré se rapprochait d’un cheesecake rustique, souvent cuit dans un plat en terre cuite. Très apprécié lors des repas festifs, il combinait douceur et légèreté. Le savillum montre l’inventivité romaine en matière de pâtisserie, bien avant l’apparition du sucre raffiné.
La recette traditionnelle consistait à mélanger du fromage avec un peu de farine et du miel, puis à lier le tout avec des œufs. Le gâteau était ensuite cuit lentement au four, jusqu’à ce qu’il soit bien doré. Certains y ajoutaient des graines de pavot ou un glaçage de miel fondu. Le résultat : un dessert fondant au goût délicatement sucré, parfait pour terminer un repas romain sur une note gourmande. Sa simplicité en fait un dessert facile à adapter aujourd’hui.
Ce type de préparation montre comment les Romains utilisaient les produits laitiers dans des recettes sucrées. Contrairement à nos pâtisseries modernes, le savillum misait sur la texture et les arômes naturels des ingrédients. Il se consommait tiède ou froid, parfois accompagné de fruits secs ou d’herbes sucrées comme le fenouil. C’était un dessert convivial, souvent partagé lors des grandes tablées. Sa recette a traversé les siècles grâce à sa simplicité.
Pour le refaire à la maison, il suffit de mélanger du fromage frais, un peu de farine, du miel liquide et un œuf. Versez dans un moule graissé, faites cuire à feu doux et nappez de miel chaud avant de servir. C’est une douceur à la fois ancienne et étonnamment actuelle, parfaite pour surprendre vos convives lors d’un repas inspiré de l’Antiquité romaine.


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